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La Bibliothèque Cévenole
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  • La Bibliothèque Cévenole rassemble et met à la disposition du public un fonds d'ouvrages consacrés aux Cévennes (Territoire et habitants) sous différents angles et sous différentes formes:histoire, géographie, agriculture, industrie, mouvement social, etc.
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10 septembre 2020

Les Prouesses extraordinaires du Grand Zapata

" Depuis si longtemps qu'il y a des hommes qui jurent de manger la mine,

c'est toujours la mine qui a mangé les hommes."

 Marcel Allemann (Les Prouesses extraordinaires du Grand Zapata)

  

allemann_marcel_les-prouesses-extraordinaires-du-grand-zapata_1954_edition-originale_tirage-de-tete_1_56406Marcel Allemann est l’homme d’un unique roman – mais quel roman ! - publié par les éditions Gallimard en octobre 1954 : Les Prouesses extraordinaires du Grand Zapata.

Ce roman, dont le titre associe Rabelais (Les prouesses du très renommé Pantagruel) et le mouvement révolutionnaire mexicain (Emiliano Zapata), nous entraîne, sans misérabilisme, sans apitoiement, au cœur du monde ouvrier, dans la cité minière de la Grand’Combe, rebaptisée ‘‘Mas-Coco-la-Borgne’’ à la façon des anagrammes de François Rabelais (maître Alcofribas Nasier). Marcel Allemann y met en scène, avec une verve et une ironie souvent féroce contre les puissants, la vie et les luttes de ses compagnons mineurs de fond.

Ce livre, qui évoque la grande grève des mineurs de 1948, est aussi un roman-à-clés. Si le maire de La Grand’Combe (Germain Soustelle) y est dépeint sous les traits de Vespasien Bocahu, son complice Paul Béchard, député, maire d’Alès et gouverneur de l’Afrique occidentale française y devient, par un parfait anagramme, le Gouverneur Bardapluche.

Quand il écrit ce livre, Marcel Allemann est ouvrier mineur dans le bassin houiller des Cévennes. Il a vingt-sept ans. Dix ans plus tôt, il était revenu de Dachau, où les nazis l’avaient déporté, à l’âge de seize ans, pour faits de Résistance. C’est là, sans doute, dans ce camp de travail forcé et d’extermination, que l’écriture s’imposa comme une nécessité impérieuse. Sa vie durant, Marcel Allemann ne cessera d’écrire, même si, bientôt, il renoncera à publier.

Dans son "Histoire de la littérature prolétarienne", Michel Ragon écrit, à propos de Marcel Allemann : "Son roman contient des descriptions des conditions de travail du mineur de fond, mais c'est aussi un vrai roman picaresque d'une fantaisie poétique peu habituelle dans la littérature prolétarienne. Le Grand Zapata, mineur mythique, stakhanoviste colossal dont on trouve le souvenir de mine en mine, sert de trame à ce roman plein d'humour, écrit dans un style alerte. Marcel Allemann retrouve un ton populaire gaillard, énorme, celui des vieux almanachs, celui de Rabelais."

**     *

À la suite de la publication de l'article ci-dessus sur le blog de l'association AC2C (http://peyremale.canalblog.com), nous avons reçu un témoignage en provenance des États-Unis, et plus précisément de Fayetteville dans l'Arkansas. Il est envoyé par Ed Levi, qui a bien connu Marcel Allemann et en garde un souvenir plein d'émotion et de reconnaissance. Voici ce témoignage :

In the 1970’s I had the privilege to spend much of five years with Marcel Allemann.  We lived in the Cevennes in the small village of Elze near Malons.  Marcel became my best friend and had an influence in my life that was quite enormous and still amazes me.  Largely because of Marcel, my wife and I stayed in Elze for five years and, again, largely because of him, we left Elze and France.  (Marcel also left Elze shortly thereafter.) Early in our friendship Marcel convinced me to become a beekeeper.  It has been my profession for nearly 50 years.

He was an amazing man that could resemble a raging bull and, at the same time, a pussy-cat.  Marcel was quite simply a renaissance man.  He was both an artist and a scientist.  He was a geologist and an engineer all while being a lover of novels, art and nature.  He was, above all, a philosopher and a dreamer.  He had a heart of gold as hard as stone.

Describing Marcel is hard.  If I had to describe him quickly I’d say that he was a combination of the two, opposing main characters in Nikos Kazantzakis’ Zorba the Greek.

Ed Levi
Fayetteville, Arkansas, USA

Dans les années 1970, j’ai eu le privilège de passer une grande partie de cinq années avec Marcel Allemann. Nous vivions dans les Cévennes dans le petit village d'Elze près de Malons. Marcel est devenu mon meilleur ami et a eu une influence dans ma vie qui a été assez énorme et qui m'étonne toujours. En grande partie à cause de Marcel, ma femme et moi sommes restés à Elze pendant cinq ans et, encore une fois, en grande partie à cause de lui, nous avons quitté Elze et la France. (Marcel a également quitté Elze peu de temps après.) Au début de notre amitié, Marcel m'a convaincu de devenir apiculteur. C'est ma profession depuis près de 50 ans.
C'était un homme étonnant qui pouvait ressembler à un taureau enragé et, en même temps, à un chaton. Marcel était tout simplement un homme de la Renaissance. Il était à la fois un artiste et un scientifique. Il était géologue et ingénieur tout en étant un amoureux des romans, de l'art et de la nature. C'était avant tout un philosophe et un rêveur. Il avait un cœur d'or dur comme de la pierre.
Décrire Marcel est difficile. Si je devais le décrire rapidement, je dirais qu’il était une combinaison des deux traits de caractère dominants et opposés de Zorba le Grec de Nikos Kazantzakis.

Traduction : Google translation

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